Remèdes à l'acidification

LES REMEDES A L'ACIDIFICATION

 

L’essentiel en quelques mots

Il existe plusieurs manières de combattre l’acidification du massif vosgien :

Prévenir :

1. En réduisant la pollution atmosphérique, on réduit du même coup la quantité d'acides qui se déposent sur les milieux naturels.

2. En adaptant la gestion des forêts aux capacités réelles du sol, on évite d'appauvrir et d'acidifier ce dernier.

Guérir :

3. en apportant du calcaire broyé au sol, on neutralise partiellement l'acidité du sol tout en apportant aux arbres des éléments nutritifs qui leurs font défaut (l'apport de calcaire broyé est un amendement).

4. En adaptant la gestion des forêts aux capacités réelles du sol, on évite d'appauvrir et d'acidifier ce dernier.

Pour lutter efficacement contre l'acidification du massif vosgien, il faut à la fois prévenir et guérir.

 

La pollution atmosphérique doit être fortement diminuée :

La pollution atmosphérique soufrée ou azotée crée de l'acidité qui peut être transportée par l'atmosphère sur des centaines, voire des milliers de kilomètres, avant de retomber au sol. Il est donc souhaitable de diminuer les émissions de polluants soufrés et azotés :

En France, la pollution par les oxydes de soufre a fortement diminué dans les trente dernières années et continue à diminuer conformément aux objectifs fixés. Toutefois, cette pollution représente toujours une cause d’acidification pour les écosystèmes les plus sensibles. La pollution soufrée a pour principales origines :

  • Les industries transformant les différentes formes d'énergie
  • Les industries manufacturières
  • Les centres urbains

A l’inverse du soufre, la pollution par les oxydes d'azote n’a pas significativement diminué depuis vingt ans malgré les innovations techniques "propres". Cette tendance est due à l’augmentation du trafic automobile qui est la principale source de pollution par les oxydes d'azote.

La pollution par l'ammoniac est constante depuis vingt ans (il n'existe pas de mesure avant 1980). La principale source d'ammoniac dans l'air est l'élevage et l'utilisation d'engrais en agriculture. Il serait souhaitable de rationaliser les modes de production agricoles pour réduire la pollution ammoniacale.

A l’heure actuelle, l’acidification est de plus en plus liée aux émissions d’azote et de moins en moins aux oxydes de soufre.

 

 

La gestion des forêts doit respecter les capacités des sols :

Une production durable de bois est possible, à condition de ne pas exporter plus d’éléments nutritifs que le sol n’en fournit annuellement. Les méthodes de gestion durable des forêts peuvent être moins rentables que les méthodes classiques de gestion, mais elles permettent le maintien de la fertilité des sols.

Dans les forêts situées dans les zones les plus sensibles à l’acidification, il faut :

  • Limiter la plantation de conifères et maîtriser l’exploitation forestière. C’est par exemple le cas des crêtes du massif vosgien. La limitation des conifères peut se faire en favorisant les forêts constituées de mélanges de feuillus et de conifères.
  • Limiter les coupes à blanc de grandes surfaces (définition d'une coupe à blanc). Dans le massif vosgien, le rythme actuel d’exportation d’éléments nutritifs lors de l’exploitation des forêts est modéré. Il convient cependant d’éviter les vastes coupes à blanc qui peuvent provoquer une fuite de cations nutritifs vers les cours d’eau pendant une période de plusieurs années. Il est ici recommandé d’exploiter les forêts par petits paquets d’arbres, voire arbre par arbre.
  • Eviter les peuplements trop denses sur les sols ayant une faible réserve en eau. En effet, la densité des peuplements exacerbe la compétition entre les arbres pour l'eau, ce qui accentue les risques de dépérissement (définition d'un dépérissement).

 

Les sols les plus acidifiés doivent être restaurés à l'aide d'un amendement à base de calcaire broyé :

L’amendement est un traitement simple et naturel :

L’amendement consiste à apporter au sol (en général en une seule fois) des carbonates de calcium et de magnésium (généralement sous forme de roches broyées). Ces roches broyées sont entièrement naturelles et ne présentent aucune toxicité.

Les amendements restaurent les sols et l’état sanitaire des arbres :

  • Le pH et le taux de saturation remontent, au moins près de la surface du sol.
  • La capacité à neutraliser les acides et les réserves en éléments nutritifs du sol sont partiellement reconstituées.
  • L’activité des organismes du sol est favorisée de sorte que la litière se décompose plus rapidement.
  • Les amendements redonnent aux arbres carencés un état de santé et une croissance satisfaisants, généralement en moins de deux années. La croissance radiale d’une forêt amendée peut être jusqu’à 25% supérieure à celle d’une forêt non amendée. Pour que les effets positifs de l’amendement soit maximal, il doit être associé à une gestion forestière adaptée (voir ci-dessus).

L’amendement des sols améliore à terme la qualité des cours d’eau. (plus de détails)

Les amendements modérés perturbent peu les écosystèmes :

Après l’épandage d’un amendement, les deux tiers des grains apportés disparaissent en moins d’une année et la totalité au bout de deux années. Les amendements entraînent des transformations visibles mais qui ne sont pas néfastes si les doses sont modérées (environ 300 grammes de roche broyée apportés par mètre carré) :

  • La composition de la flore est modifiée mais aucune espèce ne disparaît    .
  • Les amendements provoquent parfois une augmentation de la concentration en nitrate des cours d’eau, mais celle-ci est faible et brève si les doses sont modérées.
  • L’apport de calcium et de magnésium peut perturber l’alimentation en potassium des arbres poussant sur des sols qui en sont peu pourvus. Cet inconvénient est facilement évité en incorporant un peu de potasse dans l’amendement.

L’effet d’un amendement est durable :

Les essais scientifiques menés depuis vingt ans dans le massif vosgien montrent que les effets positifs des amendements sur les sols et les forêts sont durables. Par contre, le manque d’expérience ne permet pas de donner une réponse quant à la durée des effets d’un amendement sur la qualité des eaux.

Les contraintes techniques et économiques d’un amendement


    

Il faut à la fois traiter les causes et les conséquences de l'acidification :

Même si les causes de l’acidification disparaissaient totalement et immédiatement, le temps requis pour que les écosystèmes retrouvent leur état d’équilibre serait très long (probablement de plusieurs décennies). A l’inverse, les amendements devront être renouvelés si les sources d’acidité ne sont pas réduites assez fortement au cours des vingt ou trente prochaines années. Il est donc important de gérer les deux facettes de ce problème.

Les remèdes proposés ne protègent pas de manière universelle la forêt contre tous les types de dépérissement, mais ils limitent nettement les risques liés à l'acidification des sols.

 

 

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